Le GIS Marsouin et la MSHB ont organisé à l’université de Rennes 1 une journée d’étude sur le thème des usages des réseaux sociaux en ligne. Voici un aperçu du déroulé de cette journée.
Le Gis Marsouin a mené en 2014 une enquête auprès d’un panel représentatif des utilisateurs de Facebook en France. Dans le cadre de la participation active du GIS aux activités de la MSHB et de la valorisation de ces résultats d’enquête, nous avons souhaité organiser cette journée d’étude réunissant la communauté scientifique intéressée par cette enquête et plus largement, la communauté intéressée par cette thématique, une occasion de mettre en perspective les résultats de l’enquête Marsouin avec les travaux d’autres chercheurs français travaillant sur les usages des réseaux sociaux.
Un programme très riche pour cette journée pluridisciplinaire réunissant psychologues, sociologues, chercheurs en sciences de l’éducation, en sciences de l’information et de la communication et économistes :
Dominique Cardon a ouvert le workshop par une intervention sur le projet ANR Algopol (descriptif du projet ici) qui consiste à reconstituer des réseaux de sociabilités égocentrés à partir de dizaines de milliers de comptes Facebook francophones à l’aide d’une application (http://app.algopol.fr). Une telle entreprise ne va pas sans poser de redoutables défis méthodologiques (reconstruction de variables à partir des données obtenues via Facebook, traitement de big data, gestion des problèmes de confidentialité en partenariat avec la CNIL), mais elle a déjà permis une classification des différents types de réseaux égocentrés que Dominique Cardon nous a présentée.
Pour prendre sa suite, Simon Borel nous a proposé une présentation théorique de sociologie dans l’étude des réseaux. Il soulève un certain nombre d’interrogations telles que : Quels sont les grands types de discours à propos des réseaux ? Comment définit-on un réseau ? Quelles sont les causes de l’émergence d’une socialité virtuelle ?
Lire l’article de l’auteur sur cairn : « Facebook, stade suprême de la quête de reconnaissance », Revue du MAUSS, 2012/2, n° 40, p. 207-216.
Ou plus encore son livre sorti en Novembre dernier : http://www.editionsbdl.com/fr/books/et-les-rseaux-sauveront-le-monde-essai-sur-lidologie-rticulaire/421/
Laurent Mell nous a ensuite présenté le fruit de son travail de thèse récemment soutenue. A partir d’une enquête liant quantitatif et qualitatif auprès d’utilisateurs de Facebook, il a présenté les différentes manières pour les utilisateurs de gérer l’invitation à la mise en visibilité de soi portée par le dispositif Facebook, montrant que ces modes de mise en visibilité dessinent des espaces de sociabilité différenciés (espace intime/public/commun). Laurent Mell a mis ensuite en lumière l’importance de la variable temporelle en présentant un modèle d’évolution des pratiques de mise en visibilité de soi.
Pour terminer la matinée, Nicolas Jullien et Karine Roudaut ont présenté leur recherche menée auprès d’employés d’une grande entreprise sur leurs usages des réseaux sociaux. Ils répondent par exemple aux questions suivantes : quels réseaux sont privilégiés pour quels usages ? Comment s’établit une frontière entre usages personnels et professionnels des réseaux sociaux ? De quelle nature est cette frontière ? Est-elle plus ou moins perméable ?
Pour aller plus loin, retrouvez l’article des auteurs ici : http://ssrn.com/abstract=2367190
Après des échanges informels autour d’un buffet, la première session de l’après midi a été consacrée aux travaux s’appuyant sur l’enquête M@rsouin 2014 auprès des utilisateurs de Facebook en France avec trois présentations relatives aux pratiques de sociabilités.
En premier lieu, mettant en perspective les résultats de cette enquête avec les travaux de recherche en économie du bonheur consacrés au lien entre émotions, bien-être et usages d’Internet, Thierry Penard et Alexandre Mayol ont présenté une analyse économétrique exploitant les variables de l’enquête M@rsouin portant sur la sociabilité en ligne et hors ligne ainsi que sur la satisfaction déclarée, tant en général, qu’en lien avec des interactions sur Facebook.
Pour aller plus loin, vous trouverez un article de recherche associé à cette présentation ici : http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1053535713001194
La deuxième présentation, de Virginie Lethiais et Godefroy Dang Nguyen, s’appuyait également sur les variables de sociabilité en ligne et hors ligne, d’une part pour montrer en quoi les usages de Facebook ont bouleversé les pratiques de sociabilité, et d’autre part pour montrer comment Facebook renforce les liens sociaux en distinguant les liens forts et les liens faibles. Pour aller plus loin, consultez l’article associé à cette présentation : http://www.marsouin.org/spip.php?article653
La troisième présentation exploitant les données de cette enquête, par Godefroy Dang Nguyen poursuivait l’analyse des sociabilités sur Facebook avec une présentation centrée sur la question de la reconnaissance via Facebook afin d’approfondir cette question et d’identifier les profils associés aux différentes pratiques de mise en visibilité de soi.
Après la pause, nous concluons cette journée par trois présentations centrées sur les usages des adolescents sur Facebook.
Pascal Plantard nous a parlé du projet INEDUC qui consiste à analyser différents contextes qui influencent les parcours éducatifs des jeunes. L’enquête auprès de collégiens (classes de 4e) menée dans 38 établissements, visait à comprendre comment des différences liées à l’environnement scolaire, aux loisirs, à l’équipement et aux pratiques numériques des collégiens peuvent se traduire en inégalités.
Pour poursuivre cette session, Philippe Cottier nous a présenté les résultats de la recherche UsaTICE portant sur l’utilisation des réseaux sociaux pour le travail scolaire des lycéens. A partir d’une enquête auprès de 2000 lycéens, accompagnée d’observations et d’entretiens, il s’agissait de faire le lien entre le temps de travail scolaire personnel des lycéens, leurs résultats scolaires et leur manière d’utiliser les TIC pour se coordonner dans leur travail personnel.
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter deux articles en lien avec cette présentation :
http://sticef.univ-lemans.fr/num/vol2013/05-burban-cren/sticef_2013_NS_burban_05.htm
http://sticef.univ-lemans.fr/num/vol2013/04-burban-cren/sticef_2013_NS_burban_04p.pdf
Angélique Gozlan conclut cette journée avec une analyse fondée sur son activité de psychologue clinicienne auprès d’adolescents. Elle s’est intéressée particulièrement aux usages des réseaux sociaux et a pu les utiliser comme outils pour mieux accompagner ses sujets dans leur thérapie à travers l’étude de leurs pratiques de sociabilité en ligne et des interactions avec leurs pratiques de sociabilité hors ligne. Elle nous parle du concept qu’elle a nommé « virtualescence ».
Pour aller plus loin, nous vous invitons à lire les publications de l’auteur à ce sujet :
« Le héros éphémère sur la scène facebookienne », Revue Topique , 2014, n°126.
« La machine virtuelle : une désintimité à l’œuvre », Revue Recherches en Psychanalyse, 2013/2 (n°16).
« Le théâtre de Facebook : réflexion autour des enjeux psychiques pour l’adolescent », Revue Adolescence, 2013/2, n°84.
« Facebook : de la communauté virtuelle à la haine », Revue Topique, 2013/1, n°122.