Début juillet s’est tenue la réunion annuelle du World Internet Project (WIP) à la Witwatersrand University de Johannesburg (Afrique du Sud). Le Gis M@rsouin y participait pour la première fois en tant que nouveau membre, représentant la France dans ce réseau international de centres de recherche sur les usages numériques.
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La première journée de la rencontre rassemblait une série de présentations et de tables rondes portant sur les enjeux de l’émergence de pratiques sociales liées à l’accès à Internet de populations jusqu’à présent non connectées et son incidence sur l’ensemble des sociétés humaines.
Après l’ouverture de la journée par Tawana Kupe, vice-chancelier de l’université de Witwatersrand et par Indra de Lanerolle, chercheur à l’université de Witwatersrand et organisateur, en tant que membre du WIP de la rencontre annuelle, la parole a été donnée à Jeffrey Cole, directeur du Center for the Digital Future et fondateur du World Internet Project. Jeffrey Cole a rappelé l’ampleur des transformations sociales et humaines qui ont accompagné l’essor des usages numériques.
La question du rôle des pouvoirs publics dans la régulation des marchés des télécommunications et son incidence sur l’accessibilité des services numériques aux populations les plus pauvres a été au centre des interventions suivantes et de la première table-ronde. Cette question a été abordée successivement par Alison Gillwald, directrice exécutive du centre de recherche ICT Africa [1], par Mmamoloko Kubayi (présidente du Comité des Services postaux et des Télécommunications) et par Luci Abrahams (LINK Center [2], université de Witwatersrand).
Les usages numériques des enfants ont fait l’objet d’une session spécifique où Matias Dodel, représentant l’Uruguay, a présenté le plan du gouvernement uruguayen CEIBAL, programme d’inclusion sociale s’appuyant sur la distribution à tous les enfants scolarisés d’un ordinateur.
Dans cette même session, Ellen Helsper (London School of Economis), représentant la Grande-Bretagne, a présenté des résultats de l’enquête EU Kids Online, insistant sur le fait que les recherches associées avaient permis de considérer les enfants non plus comme des victimes, mais comme des agents aux pratiques créatives. Ces recherches ont également permis de reformuler une question politique, émanant de la commission européenne, et portant sur les risques encourus par les enfants en ligne et leur protection pour aborder l’analyse de ces pratiques sous un angle nouveau : il s’agissait d’examiner les conditions dans lesquelles les risques encourus étaient réellement dommageables et les conditions permettant de transformer les potentiels d’Internet en bénéfices réels pour les enfants, approche qui invite les chercheurs à se pencher sur les ressources sociales et médiateurs dont disposent les enfants, mais aussi les conditions sociétales (normes et pratiques, systèmes d’éducation, valeurs ; structure d’inclusion et inégalités) des pays comparés.
La question des usages numériques sur téléphone mobile a fait l’ojet d’une table ronde et est revenus régulièrement au cours de la journée, étant donné que les pratiques numériques se développent dans la majeure partie des pays africains (et plus généralement des pays du Sud) essentiellement à partir des téléphones mobiles, impliquant des contraintes d’usages spécifiques.
Les interventions de Marion Walton (University of Cape Town) et Koketso Moeti, activiste en ligne témoignaient de l’intensité des engagements en ligne possibles à travers les téléphones portables, en Afrique du Sud en particulier.
Les deux journées suivantes ont été dédiées aux travaux du WIP : présentation de certains résultats de recherche s’appuyant sur des comparaisons internationales ou sur des méthodologies nouvelles, présentations des nouveaux membres, en particulier M@rsouin, par Margot Beauchamps, coordinatrice du GIS.
Sur les aspects méthodologiques, Ellen Helsper (London School of Economics) a notamment présenté les résultats d’une étude visant à tester plusieurs approches méthodologiques afin d’établir deux protocoles d’enquête, l’un concernant la mesure des compétences numériques, l’autres la mesure des bénéfices (sociaux, économiques, culturels) que les individus retirent de leurs usages d’Internet.
La réunion a également permis d’établir un programme de travail collaboratif à distance pour l’année à venir. Des groupes de travail thématiques ont été constitués autour de quelques sujets : Internet et participation politique/engagement civique ; Internet et vie privée ; TIC, santé et bien-être ; marketing et commerce ; divertissements en ligne ; sécurité en ligne et littératie numérique.
Chacun de ses groupes proposera à l’ensemble du réseau WIP un module de questions sur la thématique à ajouter dans leur enquête nationale pour les pays membres qui le souhaitent.
Un autre groupe de travail est également chargé de coordonner les échanges en vue d’aboutir lors de la prochaine réunion annuelle, qui se tiendra en juillet 2016 à Taïwan, à un accord sur un nouveau jeu de questions communes à intégrer dans les enquêtes nationales de chaque pays membre, adaptées aux évolutions des technologies et des usages numériques.