Barbara FONTAR, Mickaël LE MENTEC, Rozenn ROUILLARD (Université Rennes 2) participent au Colloque international thématique de l’AECSE : Le genre dans les sphères de l’éducation, de la formation et du travail. Mises en images et représentations.
Reims, URCA, 28-30 octobre 2015
Leur présentation : Le rôle des représentations genrées dans les pratiques numériques adolescentes
Résumé :
Les pratiques numériques des adolescents peuvent être classées selon trois catégories quels que soient les supports utilisés (Pasquier, 2005 ; Le Mentec et Plantard, 2015) : regarder des vidéos, écouter de la musique et communiquer. Il existe toutefois une grande variété d’usages à l’intérieur de ces activités partagées (Fluckiger, 2008) et les recherches soulignent le rôle important joué par le milieu social (Granjon, 2009) et l’âge (Octobre, 2010 ; Fontar et Kredens, 2010) dans ces usages. Ici, nous souhaitons plus particulièrement questionner la différenciation des pratiques entre les adolescentes et les adolescents.
Nous appuierons notre propos sur une enquête méthodologiquement mixte dans le cadre de l’ANR INEDUC qui porte sur les inégalités éducatives : une enquête quantitative menée auprès de 3356 adolescents âgés de 13 à 15 ans et scolarisés en classe de 4ème, couplée à une enquête qualitative réalisée auprès de 78 adolescents.
L’adolescence est une période distincte des autres âges de la vie, notamment par ses traits culturels. Par exemple, la culture de masse y est prégnante (Galland, 2006). Les adolescents, particulièrement à la période du collège, sont à la fois confrontés à “la tyrannie de la majorité” (Pasquier, 2005), à l’épreuve de l’altérité (Tessier, 1997) et à une quête d’autonomie culturelle et relationnelle (Glévarec, 2009). Selon nous, cela se manifeste notamment par des pratiques partagées, normées, visibles, communes et considérées comme légitimes par le groupes de pairs, mais également par des pratiques singulières “de l’ombre”, moins affichées socialement, moins partageables car moins légitimées. Par ailleurs, dans la mesure où les adolescent.e.s adoptent des pratiques et des comportements en accord avec les attentes sociales propres à leur sexe (Baudelot et Establet, 1992), on peut se demander quel rôle jouent les stéréotypes sexués dans le développement des pratiques de l’ombre.
Plus particulièrement, ce travail de recherche s’inscrit dans une réflexion sur le poids des représentations genrées dans les pratiques numériques adolescentes et interroge le rôle des constructions sociales dans le rapport entre technologie et genre (Jouët, 2003). Aussi, l’enjeu de cette communication est d’interroger les pratiques numériques perçues comme “déviantes” par les adolescent.e.s au vu des et à travers le rôle des représentations genrées. On a tendance à envisager la pratique des jeux vidéo comme masculine, mais cette réalité ne doit pas masquer l’attrait féminin pour cette activité : selon notre enquête, 90% des adolescents âgés de 13 à 15 ans déclarent jouer aux jeux vidéos, les adolescentes sont 60%. Nos premiers résultats montrent que ces dernières ont tendance à ne pas assumer socialement et publiquement ces pratiques “de l’ombre” dont les représentations sociales sont particulièrement marquées par les stéréotypes sexués.
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