Il s’agit d’observer le cycle de production de l’information que l’on peut considérer de service public au sens où elle est utile à la citoyenneté, à la vie sociale comme à la vie politique, voire à la vie économique.
Cette information a plusieurs caractéristiques :
– elle ne procède pas nécessairement d’une démarche d’investigation sur ce qui serait supposé caché (contrairement à la conception inspirée de l’utilité du "quatrième pouvoir" en démocratie) ;
– elle n’est pas seulement produite par des journalistes professionnels ;
– les acteurs sociaux peuvent être non seulement destinataires, mais aussi sources et médiateurs (impliquant un schéma circulaire et non linéaire) ;
– elle coexiste et s’ajoute à d’autres formes d’information ;
– elle peut être véhiculée par des médias non marchands, et notamment gratuits ; elle est sur tous les supports, mais principalement en presse et électronique.
Cette information est proposée de façon croissante par les institutions territoriales, notamment municipales. L’étude portera sur l’offre en Bretagne et sur support électronique.
Retombée en terme de recherche théorique.
Cette recherche peut permettre de dépasser la division traditionnelle entre information et communication, laquelle procède d’une séparation historique entre journalisme et publicité (ou pensée critique et propagande).
Cette segmentation des activités sociales et professionnelles au sein de ce que l’on appelle assez vaguement l’information-communication (l’imprécision terminologique témoignant de l’ambiguïté d’un coexistence peu conçue et souvent mal gérée) s’est reportée dans le champ scientifique où l’on observe une difficulté à conceptualiser les relations de production entre le journalisme et la communication autrement qu’en terme d’affrontement et de concurrence.
Le développement des activités médiatique fait apparaître tout un ensemble de pratiques que l’on ne peut situer dans l’un ou l’autre des pôles, mais à la jonction de deux, parfois dans une franche coopération, souvent aussi dans une opacité qui pourrait procéder notamment du déficit de légitimité sociale et professionnelle de ces usages hybrides.
Le programme prétend donc faire avancer la conceptualisation de ces relations de production et de circulation de l’information qui impliquent, dans un schéma circulaire, médias, sources et publics. Il s’inscrit aussi dans la perspective d’une réflexion d’ensemble sur les processus de construction historique des pratiques d’information médiatique par relation entre univers sociaux et discursifs, qui postule d’un mouvement continu de dispersion des usages journalistiques vers plusieurs territoires de la communication.
Retombée en terme de recherche appliquée.
Le programme prévoit d’observer l’offre de cette information de service public proposée par les institutions municipales, d’en rencontrer les principaux acteurs, et de leur restituer les résultats de l’étude sous une forme synthétisée. Cet échange devrait favoriser la connaissance croisée des pratiques et enrichir réciproquement les méthodes, outils et produits.
Retombée en terme de développement d’outils.
Le programme entend aboutir à :
– une typologie des produits d’information en ligne proposés par les institutions municipales ;
– une caractérisation des modalités de production ;
– une analyse des stratégies des acteurs.
Cette triple approche devrait permettre de modéliser cette information de service public en en définissant les caractères distinctifs, tant du point du vue du support que de l’offre médiatique.
Organisation du projet.
Le projet comprend deux phases d’enquête :
- durant une période de deux mois, un chargé d’étude observera l’offre d’information proposée par une quinzaine de sites municipaux des villes moyennes en Bretagne ; il repèrera notamment l’organisation des contenus, leur renouvellement, leur objectif, les zones d’interactivité avec les publics, les sources et les partenaires. Cette phase sera coordonnée par Denis RUELLAN (CRAPE-Arènes/ONTICM) ;
- durant une période de deux semaines, un chargé d’étude se rendra dans les lieux de production de cinq de ces sites préalablement étudiés à distance ; il étudiera les modalités de travail (personnels, locaux, moyens, procédures, relations) et recueillera le discours des responsables (projets, identifications). Cette phase sera coordonnée par Bertrand CABEDOCHE (IRUTIC).
Un mois de travail supplémentaire est prévu pour l’exploitation et la synthèse des études.
Bibliographie, état de l’art.
De nombreux travaux portent sur les pratiques de communication des institutions territoriales. Plus rares sont ceux qui s’appliquent aux pratiques en ligne. Ces études ont été réalisées dans le champ des sciences de l’information et de la communication d’une part, de la science politique d’autre part. D’une façon générale, ces études ont adopté un point de vue normatif et déterministe, postulant une insensibilisation des usages d’information à des fins de propagande et d’influence.