Le blog Recherche et Innovation de l’institut Mines-Télécom a publié un entretien portant sur l’économie collaborative avec Godefroy Dang Nguyen, chercheur en économie à Télécom Bretagne.
Quelques extraits de l’article du blog :
« D’une certaine façon, l’économie collaborative ressemble un peu à la physique quantique : tout le monde en a entendu parler, peu de gens savent vraiment ce que c’est. Mais surtout elle a un caractère dual : lieu de partage et de solidarité, et en même temps espace de profits, de placements financiers. »
« D’abord : la production collaborative. « La grande question est « Au profit de qui ? » » problématise Godefroy Dang Nguyen. Deux schémas apparaissent alors. En premier lieu celui de la production d’une multitude au bénéfice d’un seul acteur, en général privé. « Chacun contribue, à sa mesure, à la construction de quelque chose pour une entreprise par exemple. C’est ce qui se passe dans ce que nous appelons communément l’open innovation » illustre le chercheur. L’autre situation ? Celle de la production collaborative au profit de la communauté : les individus créent avant tout pour eux-mêmes. »
Godefroy Dang Nguyen nous parle également des risques liés aux « passagers clandestins :
« Le passager clandestin peut en effet facilement mettre en péril une structure sans intermédiaire, auto-organisée. Dans ce modèle de pair à pair, les acteurs n’affichent aucun objectif de profit. La consommation des biens n’est donc pérenne que si chacun accepte de porter la casquette de producteur de temps en temps, et d’apporter quelque chose à la communauté pour en assurer le maintien. Il faut donc partager des valeurs communes et des principes d’organisation rigoureux pour faire vivre le projet. La technologie pourrait d’ailleurs contribuer à solidifier les communautés de partage, notamment au travers des blockchains. »
M. Dang Nguyen précise que l’organisation des structures autour de l’économie collaborative est difficile : « Une difficulté d’organisation d’autant plus grande que l’économie collaborative s’appuie sur une variable très difficile à saisir : l’humain. L’individu, appelé dans ce contexte « le consomm’acteur », a un rôle dual. Blablacar en est une très bonne illustration »
Malgré des éléments de réussite communs à plusieurs structures, « il existe des formules plus atypiques, dont le succès est tout aussi clair — confirmant l’absence de modèle idéal. La plateforme leboncoin.fr en est un très bon exemple. « C’est une exception assez particulière : le site ne donne aucune garantie, n’a pas une ergonomie particulièrement développée et est pourtant très utilisé » constate Godefroy Dang Nguyen. Le chercheur explique cela par le fait que « leboncoin.fr est plus un site de petites annonces qu’une véritable plateforme de services », rappelant au passage que les pratiques numériques sont en général la prolongation de pratiques antérieures à l’internet. »
Vous trouverez ici l’interview complète publié sur le blog R&I
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