Cet article propose une méthode d’évaluation des usages du Dossier Patient Partagé par les professionnels de santé au sein d’un réseau de santé. Nous avons privilégié une méthodologie mixte qui conjugue deux axes : une analyse sociologique basée sur des entretiens qualitatifs et une analyse statistique centrée sur l’observation des données de suivi de tracés informatiques. 19 entretiens ont été réalisés auprès des professionnels du réseau et 16417 « logs files » ont été extraites, concernant la consultation par 111 médecins des dossiers de 823 patients pendant 43 mois. Il en ressort que le degré d’utilisation du Dossier Patient Partagé est très hétérogène, et comporte un petit groupe de soignants très impliqué dans son utilisation. Cependant, il semble que le partage des dossiers soit une réalité. De plus, le nombre d’utilisation du Dossier Patient Partagé est en constante augmentation depuis le lancement, tant au niveau du nombre de soignants à le consulter, qu’au nombre de patients soignés. Ainsi, on note que le partage des données se fait dans un objectif précis : la prise en charge d’une conduite addictive, et c’est ce cadre qui détermine la nature des informations à partager. Il ne s’agit pas de partager toutes les données mais uniquement celles qui peuvent aider d’autres professionnels à intervenir auprès du patient dans sa situation d’addiction.
ABSTRACT.
This article proposes a method to evaluate the uses of medical records by healthcare professionals within a health assistance network. We have used a mixed methodology with two main axes : a qualitative sociological analysis, based on face-to-face interviews, and a statistical study of computer log files. 19 interviews of healthcare professionals and 16,417 logs files, concerning 111 doctors and 823 patients, over a period of 43 months have been analyzed. The main results are that there is a real use of Shared Patient Records, even if the intensity of use is very heterogeneous, with a small group deeply involved in use of the system. Moreover, the use of Shared Patient Records has increased steadily since the system was launched, both in the number of healthcare professionals consulting them and the number of patients treated. The sharing of data is motivated by a specific goal : to coordinate the care of addictive behaviors and the kind of data shared is determined by this goal. Not all information is shared, but only data that can help other professionals treat addicted patients.
Keywords : shared patient record, healthcare networks, log files, sociology of technology.